JUILLET 2023
Je me permets une petite montée de lait. Pouvons-nous nous parler de la hausse des taux? Non, mais ça va faire. Ce qui me met particulièrement hors de moi, c’est que toutes les banques centrales, incluant la Banque du Canada, ont été à mon avis paresseuses. J’affirme cela, car plusieurs, dont moi, s’attendaient à ce que le taux directeur commence à monter à compter de la fin de l’été 2021, à la suite de « l’impression historique d’argent » pendant la pandémie. C’était une mesure pour soutenir des programmes nécessaires à l’époque, mais ayant le double tranchant d’augmenter la dette du pays et de créer de l’inflation. Tout l’automne 2021, le début de la hausse du taux se faisait attendre, mais malheureusement, il a fallu la guerre en Ukraine pour qu’il y ait enfin une réaction et que la hausse des taux batte son plein.
Ceux-ci ont augmenté drastiquement, rapidement et de façon historique. C’est une stratégie qui sert principalement à ramener le taux d’inflation général vers la politique monétaire de 2 %. Ainsi, depuis maintenant 16 mois, le taux a bondi de 4,75 %, et le taux d’inflation a diminué, passant de près 8 % à maintenant environ 3,4 %. Le hic, c’est que cela n’a presque aucun impact sur le coût de l’épicerie et du logement, des besoins primaires dont les frais, eux, continuent de monter. Et qui finit par souffrir de tout ça? Évidemment, les plus démunis d’entre nous, et même la classe moyenne. Honnêtement, je trouve que nos dirigeants manquent de créativité. Ça nous prend impérativement une politique budgétaire, plutôt que de se fier à une stratégie de hausse de taux, et ça presse. La pénurie de main-d’œuvre ne sera pas comblée d’ici demain et notre politique d’immigration ne changera pas à court terme non plus; en fait, tout ça pourrait même s’amplifier. Résultat? Ces deux facteurs continueront d’accroître la demande en denrées et en logements. Si on veut éviter de nouvelles dépenses de nos gouvernements par le truchement de programmes sociaux supplémentaires ou de chèques simplement envoyés aux citoyens, il faut absolument se poser les bonnes questions et agir en conséquence. Si l’objectif est de réduire la consommation radicalement et de plonger l’économie en récession, est-ce un objectif louable lorsque les entreprises ont des besoins de main-d’œuvre énormes, faisant exploser les salaires, et lorsque notre politique d’immigration n’a jamais été aussi vigoureuse, avec un taux de 1 % de la population? On vise en effet le million annuel d’ici quelques années. C’est évident que ça occasionne des pressions externes. En haussant les taux graduellement depuis la mi-2021, nous aurions pu laisser le temps aux Canadiens de prendre de bonnes décisions par rapport à leur épargne, mais non… Et ça, c’est sans compter le fait qu’en ne cessant d’annoncer une récession, les forces dirigeantes finissent par créer la récession la plus programmée de l’histoire. L’aurons-nous vraiment? Est-elle déjà amorcée? Les années à venir s’annoncent riches en défis à relever, surtout considérant la transition énergétique qui s’imposera (à lire dans la Une). Il serait intéressant de voir un peu plus de créativité de la part de nos dirigeants en matière de solutions.
Bon, ça fait du bien de se défouler un peu. Revenons à nos moutons. Dans la dernière infolettre, on vous a promis de parler plus en profondeur des ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance). Chose promise, chose due! Passons sans tarder à ce sujet plus léger et estival pour rester d’humeur ensoleillée.
À LA UNE
Si les médias parlent beaucoup de la hausse des taux en ce moment – comme tout le monde – il y a un autre sujet qui commence à prendre plus de place, à savoir celui des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, surnommés ESG. Et ce n’est pas pour rien : on quitte actuellement le cycle économique de la technologie pour entrer dans un nouveau cycle – qui s’annonce même être un super cycle s’échelonnant sur deux décennies, voire plus – et ce cycle est celui des ESG. Attachez votre tuque, parce que c’est un cycle qui affectera non seulement certains secteurs de l’économie, mais bien l’ensemble de la société.
Si le cycle des technos a été incroyable en ce qui a trait à l’expansion des marchés, celui des ESG pourrait bien en offrir de 15 à 20 fois plus en matière de possibilités.
Pour ceux qui seraient moins familiers avec les ESG, ceux-ci visent la décarbonation de la société, c’est-à-dire une réduction ou carrément une élimination des émissions de dioxyde de carbone. Parce que même si ça fait longtemps qu’on parle de la crise climatique, ses effets se font ressentir plus que jamais, avec les feux de forêt qui font des ravages à l’échelle de la planète, y compris dans le nord du Québec, et le secteur des assurances qui adopte une approche plus conservatrice, refusant d’offrir des couvertures dans certains secteurs en Californie, par exemple. On n’a qu’à se rappeler les débuts de la pandémie, avec le confinement strict. Ça a été l’un des moments précis où les gens ont pris conscience de leur propre impact environnemental, avec une réduction visible de la pollution. Cette période a été un véritable « game changer » qui a accéléré un mouvement ESG déjà entamé.
On parle beaucoup d’environnement, mais les changements économiques entraînés par la crise climatique s’accompagnent également d’un courant d’idées sociales, dans lequel les femmes se distinguent particulièrement. C’est là où le G des ESG prend son sens : de plus en plus, outre les aspects environnementaux et sociaux, les entreprises devront aussi viser la parité des genres dans la haute direction et sur les conseils d’administration si elles veulent assurer leur survie dans ce mouvement global des ESG. Notamment, parce que deux des plus grandes compagnies de gestion de portefeuilles au monde, à savoir BlackRock et The Vanguard Group, prévoient, à court ou moyen terme, ne plus investir dans des entreprises sans plan de transition ESG. Au-delà des idéaux, c’est l’argent qui a le dernier mot.
Pour en revenir aux fonds ESG, ceux-ci existent bel et bien depuis une dizaine d’années, mais avec des grilles d’inclusion qui ratissaient large et des rendements inférieurs, ils ne suscitaient pas autant l’intérêt. Ces fonds ont depuis beaucoup évolué, étant maintenant axés sur l’innovation à des fins de décarbonation. De notre côté, on favorise les cinq thèmes suivants en ce qui a trait aux placements : 1) la transition énergétique dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques; 2) la diversité et l’inclusion, avec une réduction des inégalités économiques, politiques et sociales; 3) la santé et le bien-être, par exemple, avec une amélioration de l’accès à une alimentation de qualité pour toute la population; 4) le concept de la ville intelligente, avec des infrastructures résilientes et une accessibilité énergétique pour tous; et finalement, 5) la gestion de l’eau et des déchets, pour favoriser l’accès à l’eau et l’assainissement et l’exploitation durable des océans et des cours d’eau.
Ces fonds sont désormais beaucoup plus intéressants pour ce qui est du rendement, et ils risquent de l’être davantage à long terme, puisqu’ils auront des effets structurants sur la société. Si tout ça pique votre curiosité, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec nous pour continuer la discussion.
COUP D’OEIL SUR…
Taux variable ou taux fixe : le temps des bilans!
En début d’année, on vous disait qu’on anticipait un ralentissement de la hausse des taux, fort attendu par plusieurs d’entre vous. Ce qu’on espérait a bel et bien fini par arriver : il y a eu un temps mort au pays après la hausse de janvier dernier, qui s’est étiré jusqu’au 7 juin, suivi par la plus récente hausse, celle du 12 juillet. Les deux étaient de 0,25 %.
Mais où en sommes-nous aujourd’hui? Après une baisse importante en mai dernier, le taux d’inflation se situe maintenant à 3,4 %. Du côté hypothécaire, on a connu une hausse du marché obligataire de 5 ans, et comme celui-ci régule l’offre des taux fixes, ces derniers ont récemment augmenté. Si on suit les tendances, le tout devrait se régulariser, et les taux hypothécaires devraient finir par osciller à nouveau autour de 4,5 %. À ce moment-là, est-ce que certains devront se demander si le taux fixe serait une meilleure option pour eux? C’est toujours une possibilité, mais à quel coût? Et à quel taux faire le grand saut? Parfois, le statu quo est peut-être à privilégier, le temps de retrouver une stabilité.
COUP DE COEUR
Vous demeurez sceptiques? Vous croyez que le mouvement ESG et la décarbonation de la société ne sont là pour que jeter de la poudre aux yeux? Détrompez-vous : les jeunes et le secteur juridique s’en mêlent, et cela pourrait bien vite faire boule de neige…
MÉTÉO FINANCIÈRE
Les feux de forêt ont fait déferler une vague de fumée sur les grandes villes. Tout comme pour les taux et l’inflation, on souhaite une accalmie et une éclaircie qui feront place au soleil. Bon été!
Cette infolettre a été rédigée par Patrick Felton et son équipe de chez Felton Finances dans la semaine du 17 juillet 2023.
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